Comprendre la dynamique des politiques aux États-Unis :


Hier en fin d’après-midi, dans le but d’accroître la production intérieure des États-Unis et d’équilibrer les déficits commerciaux transfrontaliers, le président Trump a annoncé d’importants tarifs douaniers sur les importations de dizaines de pays. La situation évolue, et vous trouverez ci-dessous les renseignements qui étaient disponibles au moment de la rédaction du présent document.

Que s’est-il passé?

  • L’annonce concernant les tarifs, faite lors de ce jour désigné « jour de la libération », a entraîné des hausses qui dépassent les attentes.
  • Tarifs douaniers universels et réciproques : Le président Trump impose un tarif douanier d’au moins 10 % sur toutes les importations et des tarifs douaniers supplémentaires propres à environ 60 pays qui contribuent le plus aux déficits commerciaux des États-Unis. Des tarifs spécifiques seront appliqués à chaque pays que la Maison-Blanche considère comme de « mauvais joueurs » en matière de commerce. M. Trump a également annoncé des tarifs douaniers de 25 % sur tous les véhicules fabriqués à l’étranger. Au moment d’écrire ces lignes, le Canada et le Mexique semblaient exemptés des tarifs douaniers réciproques.
  • Tous les tarifs douaniers entreront en vigueur d’ici le 9 avril.

De relatifs « gagnants » et « perdants »

  • Grands « gagnants » : l’annonce comportait quelques éléments positifs. Le Canada et le Mexique ne figuraient pas sur la liste des tarifs réciproques. La Maison-Blanche a indiqué que les exemptions prévues par l’ACEUM demeureraient en vigueur. Les produits conformes à l’ACEUM ne devraient pas faire l’objet de tarifs douaniers, mais les produits qui ne le sont pas seront soumis à des tarifs douaniers de 25 %, à l’exception du pétrole et de la potasse, qui sera assujetti à des tarifs de 10 %.
  • Autres « gagnants » relatifs : dans la plupart des pays d’Amérique latine, les tarifs douaniers ne seront que de 10 %. Parmi les pays développés, le Royaume-Uni, Singapour et l’Australie seront également assujettis à des tarifs douaniers de 10 %.
  • Les plus grands « perdants » sont la Chine et d’autres pays d’Asie. Par exemple, la Chine sera assujettie à des tarifs douaniers supplémentaires de 34 % (qui s’ajoutent aux tarifs de 20 % imposés au cours des derniers mois). De nouveaux tarifs douaniers de 30 % en moyenne seront imposés à plusieurs autres pays d’Asie
  • Autres « perdants » : les pays de l’Union européenne seront exposés à des tarifs douaniers de 20 %.
  • L’économie américaine est un autre grand perdant. Les tarifs douaniers imposés sont importants. Le taux des droits de douane moyens pondérés en vigueur augmentera d’environ 15 % à 20 %-25 %, ce qui représente son plus haut niveau depuis les années 1940. Le choc équivaut à une hausse de la TVA de 4 %.

Conséquences sur l’économie : négatives… mais y a-t-il encore place à un optimisme prudent?

  • Plus grande faiblesse de l’économie américaine, mais aucune récession : conjugués aux efforts d’assainissement des finances publiques, aux politiques d’immigration et à l’incertitude économique, les tarifs douaniers devraient contribuer à un ralentissement important de la croissance aux États-Unis, qui pourrait se retrouver sous la barre de 1 % au cours des 12 prochains mois. Dans ce contexte, la Fed sera probablement en mesure de réduire son taux directeur d’au moins 75 points de base au cours des 12 prochains mois, malgré la pression à la hausse transitoire sur l’inflation qui découle des tarifs douaniers.
  • Le budget limité de l’administration Trump pour faire face à la « pression économique » : les mesures d’aujourd’hui et le ralentissement de la croissance aux États-Unis laissent entendre que l’administration Trump n’a probablement que très peu de marge de manœuvre pour imposer des tarifs douaniers supplémentaires. Cela renforce notre scénario de base concernant un accord commercial avec le Canada dans les mois à venir (avec une probabilité de 2/3).
  • Mesures de relance mondiales à venir : nous nous attendons à ce que la plupart des pays touchés par les tarifs douaniers américains adoptent des mesures de relance budgétaire et des politiques monétaires plus expansionnistes pour atténuer les répercussions des tarifs. Nous croyons que la croissance mondiale demeurera relativement résiliente, même si plusieurs pays, en particulier l’Asie, semblent vulnérables.
  • Vers une réduction négociée des tarifs douaniers? Nous nous attendons à ce plusieurs pays réduisent leurs tarifs douaniers actuellement imposés sur les produits américains afin d’encourager la réduction des tarifs douaniers annoncée par les États-Unis aujourd’hui. La révision à la baisse des tarifs douaniers peut aider à limiter les risques de baisse sur les marchés financiers à court terme. L’Inde a déjà annoncé son intention de réduire ses tarifs douaniers sur les marchandises en provenance des États-Unis.
  • Les risques de récession aux États-Unis demeurent maîtrisés : bien que les risques de baisse soient prononcés, les solides facteurs économiques fondamentaux et l’idée selon laquelle nous nous approchons de « l’apogée de M. Trump » en ce qui a trait aux tarifs douaniers signifient que l’économie américaine ne devrait pas basculer en récession.
  • Au Canada, l’équilibre du risque est orienté à la baisse : La conclusion d’une entente commerciale pourrait ne pas être particulièrement avantageuse pour les fabricants canadiens ou prendre plus de temps que prévu. Nous estimons que la probabilité de récession au Canada est de 40 % au cours de la prochaine année. Même si une récession entraînera probablement d’autres réductions de taux d’intérêt de la part de la Banque du Canada, la majeure partie de la réponse proviendrait des mesures de relance budgétaire.

Conséquences pour les marchés :

  1. Court terme : des périodes d’aversion pour le risque devraient prévaloir à court terme, ce qui laisse entrevoir un risque de volatilité élevée persistante. Les obligations, en particulier les obligations du Trésor américain, devraient demeurer intéressantes.
  2. Il est important de faire preuve de rigueur : les investisseurs devraient rester concentrés à maintenir un portefeuille bien diversifié, car c’est la meilleure stratégie pour traverser les périodes de risque élevé.
  3. Les perspectives de croissance à plus long terme demeurent solides : les perspectives de croissance mondiale à long terme demeurent solides, grâce à des investissements mondiaux dans les technologies, les infrastructures, le logement, la résilience des chaînes d’approvisionnement et les dépenses militaires.
  4. Gardez à l’esprit les risques d’inflation qui persistent à moyen terme, en particulier dans les économies développées, en raison des solides perspectives d’investissement et des pénuries de main-d’œuvre.

Bien que l’incertitude initiale puisse créer une certaine volatilité sur les marchés, nous avons déjà fait face à des situations similaires dans le passé. Au cours des cinq dernières années seulement, les marchés des actifs ont surmonté plusieurs chocs : la pandémie de COVID-19, une inflation qui a atteint des sommets inégalés depuis des décennies et la hausse des taux d’intérêt. Les investisseurs qui ont résisté à ces chocs en sont sortis gagnants. Aujourd’hui, il demeure important que les investisseurs restent concentrés sur leurs objectifs à long terme et qu’ils harmonisent leurs efforts à leur répartition stratégique de l’actif.

Auteur

Éric Morin, directeur, Macroéconomie mondiale et stratégie

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